Sonatine éditions

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11 novembre 2012

Pour son deuxième roman, Karen Maitland nous plonge à nouveau dans l’Angleterre du 14e siècle. L’histoire se déroule dans le village d’Ulewic où une communauté religieuse s’y est installée un peu à l’écart. Mais ce béguinage a bien du mal à se faire accepter des habitants, influencés par le prêtre et d’autres forces mystérieuses. Intimidations, menaces, méfiance de la population, tel est le quotidien de ces femmes qui pourtant n’hésitent pas à aider les plus démunis.

Tout au long de ce récit à la première, les voix s’alternent. Un index des noms des personnages est présent au début du livre pour mieux s’y retrouver, mais pas d’inquiétude car il n’est pas si nécessaire vu leur nombre. Le père Ulfrid fait partie des narrateurs: un prêtre qui tente de cacher son passé et qui ferait tout pour quitter Ulewic. Au début, on éprouve un peu de compassion pour lui, mais elle se dissipe rapidement. Et puis il y a cette force invisible, mais puissante : les Maîtres-Huants qui ont peu à peu imposé leur pouvoir par la terreur.

Évidemment, comme le titre le suggère, il n’y a rien de réjouissant dans ce roman: peurs ancestrales, croyances, légendes, religion et rites païens se côtoient. Et puis la différence fait peur, c’est bien connu.

J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Karen Maitland. Comme dans son premier roman La compagnie des menteurs, l’ambiance du Moyen Âge est décrite à merveille. On a vraiment l’impression d’être plongé dans le quotidien de ce village où la faim, les mauvaises récoltes, les superstitions, l’influence de l’Église, mais aussi des Maîtres-Huants sont omniprésents.

Un auteur à suivre !

Conseillé par
1 mai 2012

Nous sommes au début des années 80 en pleine guerre froide. Nicky Fleming, un haut diplomate en poste à Bonn meurt de manière subite et mystérieuse. Suicide ? Meurtre ? Mort accidentelle ? Sa femme Letty ne trouve pas de réponses à ses questions. Pour essayer d’oublier et tenter de retrouver une vie de famille “normale”, elle quitte Bonn avec ses enfants pour rejoindre sa terre natale : l’île des Hébrides en Ecosse. Mais rien ne change, les questions sont toujours là, les enfants ressentent terriblement l’absence du père et réagissent chacun à leur manière.

Georgie, l’aînée, se sent responsable de la famille depuis que sa mère, désemparée, se laisse aller. Quant à Alba, 13 ans, elle est en perpétuelle révolte contre toute forme d’autorité et est très agressive avec son petit frère Jamie. Pourtant, on sent bien que sous cette carapace, c’est une jeune fille qui a un grand besoin d’affection et elle en devient même attachante. Et puis, il y a Jamie, ce petit garçon si touchant, un peu naïf, rêveur, qui porte un amour inconditionnel à sa soeur Alba malgré la méchanceté de cette dernière. Un garçon toujours dans ses pensées, d’une sensibilité à fleur de peau, à qui on n’a pas dit clairement que son papa était mort et qui le cherche toujours…

Et l’ours dans tout ça ? Et bien le lecteur ne comprend son rôle dans l’histoire que petit à petit. L’auteur lui donne la parole dans de courts chapitres et nous dévoile ses pensées alors qu’il vient de s’échapper et erre sur l’île des Hébrides.

Un roman qui aborde divers thèmes comme le deuil, l’acceptation de la mort, les relations parents-enfants, le couple, mais aussi les complots, la trahison, etc. Le tout sur fond de Guerre froide. L’auteur nous montre également les dessous du métier de diplomate et ses conséquences sur la vie de famille: priorité à la carrière du mari souvent au détriment du couple, toujours faire bonne figure, garder le secret professionnel… Après la mort de Nicky, Letty découvre une autre facette de son mari qu’elle ne connaissait pas et se pose beaucoup de questions au sujet de l’homme avec qui elle partageait sa vie. Qui était-il réellement ?

Un très beau roman rempli de poésie, d’émotion et de sensibilité. À découvrir !

Gallimard Jeunesse

21,30
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23 novembre 2011

Voici enfin la suite (et fin) de cette magnifique épopée dans la Chine impériale mythique ! Après mon enthousiasme à la lecture du premier tome « Eon et le douzième dragon », il m’a fallu attendre une longue année avant la sortie du deuxième opus, qui – vous vous en doutez – est loin d’être une déception.

Dans ce dernier tome, Eona, héroïne dotée d’une grande force et d’un courage exemplaire, devra faire des choix : suivre son coeur ou bien son devoir ? Pas toujours facile…surtout lorsque le pays et l’empereur sont en danger, et que notre jeune Oeil du dragon est la seule capable de les sauver.

À nouveau, l’auteur mêle habilement éléments fantastiques et mythologie chinoise. Malgré certains passages qui ralentissent le rythme, ces 650 pages sont magnifiquement bien écrites et le style toujours aussi agréable.

Amour, trahisons, courage, magie, action, guerre : un mélange justement dosé pour une saga d’une grande qualité qui plaira aux ados comme aux adultes, alors vous auriez tort de vous en priver (pas d’excuses, le premier tome vient de sortir en poche) !

Nouvelles

Fayard

17,10
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15 août 2010

Il y a 3 ans, je découvrais Claire Castillon avec son recueil de nouvelles "Insecte". Son humour noir et sa plume incisive m’avaient tout de suite plu. Et c’est avec plaisir que je me suis à nouveau plongée dans l’univers de cet auteur.

Au travers de 38 nouvelles dont chacune porte comme titre un prénom, Claire Castillon nous fait partager le quotidien d’hommes, de femmes, de couples, tous enfermés dans leurs bulles avec, pour certains, leur idées préconcues et pour d’autres leur naïveté parfois si extrême qu’on a envie de les secouer, de leur faire prendre conscience de la réalité.

Autant dire que l’auteur n’a rien perdu de son ton acerbe. Les nouvelles sont composées de phrases courtes, mais percutantes, dotées d’une pointe de provocation. Les chutes sont toujours si imprévisibles.

Néanmoins, il est évident que pour les apprécier, il ne faut pas les lire au premier degré. Enfin, Claire Castillon on aime ou pas.

Pour ma part, même si j’ai trouvé ce recueil un poil en dessous de Insecte, j’ai tout de même passé un très bon moment.