La route est longue de Belfast jusqu’à Sunderland surtout quand la neige tombe drue, que les avions restent au sol et que le trajet s'effectue en ferry et en voiture. Infiniment longue pour Tom, ce père de famille nord irlandais qui, bravant des conditions climatiques extrêmes, va récupérer son fils malade, étudiant en Angleterre. Au fil des kilomètres, Tom convoque ses souvenirs, hantés par un fantôme qui l’accompagnera tout au long de la route, souvenirs ponctués par la voix immatérielle du GPS qui le ramène par intermittence à l'instant présent. Tom passe tout au crible : sa vie d’avant, son métier de photographe, son rôle de père, sa vie conjugale. C’est avant tout un voyage intérieur qu’il effectue dans l’habitacle confiné de sa voiture, une introspection sans concessions où s’entremêlent chagrin, remords et culpabilité, où il faut regarder la vérité en face pour enfin l’affronter et l’accepter, trouver son salut. Voici un beau portrait, celui d'un homme, mari, père, croulant sous le poids de ses faiblesses, ses blessures, ses regrets mais dévoilant peu à peu son courage et sa lucidité. L’Irlandais du Nord David Park, pour la première fois traduit en France, signe un roman d’une infinie délicatesse et emporte son lecteur dans un périple familial saisissant de justesse et d’humanité.

Alfred est un petit farceur, il en a parfois un peu marre du sérieux de son village viking ! Alors pour les farces c’est lui le roi. Mais bizarrement ce soir-là, les adultes n’y ont pas la tête. En écoutant – un peu – aux portes, il comprend que l’heure est grave : les trolls ont recommencé, ils ont encore volé. L’oncle du petit garçon se dévoue, il parcourra l’hiver pour y mettre un terme. Mais la voyante du village prédit que s’il part seul, il ne reviendra jamais. Alors, ni une ni deux, Alfred le suit. Mais le danger guette, d’autant plus depuis que l’hivers n'est plus le même. Oui, car avant, il y avait deux hivers. La grande, et sa petite sœur. Et cela fait des années que la plus jeune a disparu, déréglant totalement le fonctionnement du village. Mais attention Alfred, l’hivers est rude et pleins de dangers…

Guenièvre arrive à Camelot pour se marier au roi Arthur. Ce n'est pas un mariage d'amour, mais une question de vie ou de mort… La nouvelle reine doit protéger son roi, car Merlin l'a vu, il plane sur Camelot un danger certain ! Il ne s’agira pas d’une tâche aisée, puisque la magie est interdite au sein de la ville depuis que Merlin y a semé le chaos, Guenièvre – est-elle vraiment Guenièvre ? – devra donc rester la plus discrète possible.

Mais des questions demeurent dans son esprit : Pourquoi a-t-elle si peur de l’eau, qui encercle toute la ville ? Réussira-t-elle à cacher sa véritable identité ? Pourquoi ne se souvient-elle que de fragments de son enfance avec Merlin, dans la forêt ? Le chevalier patchwork à l’identité inconnue, est-il un danger pour Arthur ?

Dans cette ville qu’elle ne connaît pas, la jeune fille devra créer des alliances, déjouer chaque piège, sans oublier son rôle de reine et de femme… Bref, une besogne de tous les jours. Un premier tome entraînant, où l’on plonge avec plaisir dans une atmosphère de complot et de magie, amenée par un personnage principal qui se dévoile de page en page.

La suite attendue des « Chroniques de la place carrée », après l’excellent « Mathilde ne dit rien ». Mais aujourd’hui pourquoi le taire (?), ces chroniques sont absolument addictives. Tonio est un petit dealer qui, comme dans une fable un tantinet connue, souhaite devenir un peu plus gros, un peu important. Dealer sous les ordres ne suffit plus, il s’agit désormais de doubler son boss et de monter un business plus rémunérateur mais aussi plus dangereux. Tonio a-t-il les épaules assez larges ? Les seconds couteaux, excellents seconds couteaux d’ailleurs, sont-ils assez dignes de confiance, dans ce petit monde de la place carrée. Sur quelques jours, sans reprendre son souffle, l’auteur mêle avec brio cette histoire avec celle de Laura, infirmière au bord du gouffre, de Marion la dissimulatrice, de Laura jeune femme accidentée, de marginaux aux combines rodées. Tristan Saule, également, dans le contexte de ce premier confinement de 2020, signe des lignes particulièrement émouvantes sur le monde de l’hôpital, de ses urgences aux chambres des étages. Il est peu dire que « vivement le troisième » tant « Héroïne » est un modèle de roman noir, de roman social.

Ecrit en 1934, ce texte, surprenant d'actualité et de modernité, tant dans la forme que dans le fond, raconte l'histoire de Matilde, jeune madrilène embauchée dans un salon de thé dirigé par un patron tyrannique et irascible. Dans le contexte économique instable des années 30, la jeune femme prend conscience, en regardant évoluer ses collègues autour d'elle, tous venus de milieux défavorisés, de l'oppression exercée sur le monde ouvrier dans la société espagnole, en particulier sur les femmes, encore moins considérées que leurs homologues masculins. Dans cette période chaotique de l'après crise de 1929 et de l'avant guerre civile de 1936, où déjà se dessinent les prémices de la seconde guerre mondiale, la conscience politique et sociale de Matilde s'éveille peu à peu, même si l'envie de révolte se heurte à la peur du chômage et de la misère. Luisa Carnès, journaliste et femme de lettres, livre un grand texte, social et politique, à la fois roman et aussi précieux document historique. Un récit poignant qui nous va droit au cœur . Merci aux Editions La Contre Allée pour cette belle découverte.