La Roche

Martin Lichtenberg

Héloïse d'Ormesson

  • Conseillé par (Libraire)
    21 février 2024

    « La roche » est un premier roman au ton singulier d’un jeune auteur, Martin Lichtenberg, mais aussi une première incursion en imaginaire pour l’éditrice Héloïse d’Ormesson. Deux premières pour ce roman. Deux premières réussies
    « La Roche » est une île, un restant de terre isolée pour une poignée de survivants. Ils vivent là en castes, « Les Rocailleux » et « Les Rocheux », ne se mêlant pas, chacune ayant son utilité. Ils rêvent d’un meilleur, celui que le mystérieux pouvoir fait miroiter, qu’ils ne connaissent que par le visionnage de vidéos énigmatiques. En attendant ils triment, dur, s’abrutissant de labeur pour s’endormir et recommencer. Ils triment dur pour se faire remarquer par « La Garde », milice du pouvoir, et devenir les heureux élus, ceux qui pourront, au terme d’une cérémonie grandiloquente, embarquer sur un bateau et rejoindre ainsi les rives de ce paradis espéré. C’est une vie de récup, de misère(s), de démerdes. La beauté a fui, le gris prédomine mais avec nuance, la résignation coule dans le sang. Seul Dael tente de modifier le banal et triste quotidien, pour son bien et celui de sa fille Loo. Prendre des risques, guetter les faiblesses et essayer de distiller ici et là quelques braises de révolte. Lors d’une soirée à scruter les alentours il fera la connaissance d’un électron libre, d’un être habité par la musique dans un monde où toute forme d’art a été abolie. Quand Sol se met au piano c’est un bouleversement pour Dael qui replonge avec nostalgie dans un passé pas si lointain où la liberté de vivre était encore de mise. Ce trio, refusant la soumission, malgré les risques importants, essaiera de modifier l’ordre établi. L’écriture de ce jeune romancier est troublante, mystérieuse, changeante. Elle explore avec finesse les renoncements, elle magnifie les instants de grâce dont ces notes de musique qui illuminent un ciel gris comme des flocons de neige sur un sol charbon, elle emporte le lecteur avec poésie dans ce monde inventé, elle invite à la réflexion en incitant le lecteur à tisser des liens entre imaginaire et réalité. Un très beau premier roman.