La Peau du dos

L’écriture de Chambaz : un plaisir de lecteur à chaque roman renouvelé ! Ciselée et précise, elle permet de se retrouver en forêt, près de Bourron-Marlotte, auprès du jeune Auguste Renoir, peintre en devenir. Nous y sommes. Il suffit de fermer les yeux, de respirer les parfums des sous-bois et de se laisser entraîner aux côtés d’Auguste Renoir et de Raoul Rigault qui viennent de faire connaissance. L’un peignant, l’autre dépareillé et ahuri, homme en fuite, esprit libre et contestataire de cette jeunesse dont le privilège « est son indifférence à la gloriole ». En direction de l’auberge, ils discutent. Quelques jours suspendus, entre promenades, peinture et soirées enivrantes et enivrées. Cette première partie, hymne à la fantaisie et à l’errance inspirante, se termine : ils se séparent « sur le parvis de la gare, la nuit n’allait plus tarder ». 22 mars 1871, la Commune. Ils se retrouvent, pied de nez du destin, la nuit de Raoul commençant.

Cela commence par une rencontre fortuite en pleine nature entre un peintre à l'ouvrage et un homme qui ne cesse de regarder dans son dos. Au fil des mois qui voient l'irruption de la Commune, une amitié épisodique reliera ces deux êtres dissonants : Raoul Rigault, révolutionnaire qui trinque à la Sociale, orateur épris d'égalité, et Auguste Renoir, artiste désinvolte, contemplateur de la beauté des choses et, surtout, des femmes. L'un voudra façonner le cours de l'Histoire, quand l'autre se laissera porter par ses remous, comme un bouchon de liège dans le flot de la vie. Et quelque part entre les deux, une certaine idée de la joie d'être au monde.