Un amour anglais
EAN13
9782889072408
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
ZOE POCHE
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Un amour anglais

Zoé

Zoe Poche

Indisponible

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Comme quand ado on déniche un vieux disque dans une étagère chez ses parents,
j’ai ressorti L’Année où j’ai appris l’anglais d’une pile de livres en attente
de réimpression. Il faut dire aussi que la couverture m’intriguait. J’ai
commencé à le lire pour ne plus m’arrêter, happé par l’ambiance pétillante des
sixties et les aventures sentimentales de Chris à Cambridge. Il y a un goût de
Summer love à la Grease dans ce roman, de chanson pop chatoyante des Beatles,
et puis vêtements, musique, ambiances, les clins d’œil à ces années-là sont
innombrables, toujours généreux. La maîtrise littéraire de Duval ne gâche
rien, le style léger, acidulé, aussi élégant qu’efficace. L’Année où j’ai
appris l’anglais (que nous rebaptisons Un amour anglais pour cette nouvelle
édition) est pour moi une découverte, le parfait roman estival, peut-être un
tube littéraire de l’été 2023 ? Yannick Extrait #1 : l’écriture comme la
musique « Lors de l’un de nos apéros, Mr Wright m’avait demandé et vous,
Chris, que ferez-vous plus tard? Et moi, sans ciller: “writer”, écrivain. Je
développais devant lui l’idée qu’il devait être possible de composer un
livre à la façon dont les Beatles avaient imaginé leur album Sgt. Pepper’s
Lonely Hearts Club Band, avec la même invention, la même liberté, la même
suprême fantaisie, avec des petites voix et des sons étranges qui
surgiraient par-ci par-là, de nulle part et de partout. Écrire ne pouvait
être qu’une fête, disais-je à Mr Wright vaguement interloqué, une jam-
session, une surprise-party, une longue impro: c’était plaquer ses doigts sur
son Underwood comme Jerry Lee Lewis trois accords inauguraux sur son piano (on
voyait bien qu’il ne savait pas du tout qui était Jerry Lee Lewis). Je lui
expliquais qu’on pouvait très bien écrire comme on enregistrait un morceau
de rock entre 1954 et 1956, qu’il y avait sûrement moyen de jeter, balancer
un texte sur une feuille de papier à la façon dont on avait inventé le
rock’n’roll dans les studios Sun, avec la même immédiateté. Je soutenais
qu’écrire est comme se mettre au bord d’un torrent de montagne dans l’attente
d’une truite et l’en sortir dans toute sa fulgurance. Que ce qui compte avant
tout, c’est de faire des prises : il y a un moment imprévisible où, tout à
coup, on sent qu’on tient quelque chose, Sam Phillips enclenche les bobines de
son magnéto, Elvis se lance dans «That’s All Right Mama», Carl Perkins dans
«Boppin’ the Blues», Jerry Lee hurle «Great Balls of Fire»... Plus que de la
musique, on a saisi un instant de jaillissement pur, et il me semblait
qu’écrire devait être un phénomène de même nature. Ce qui importait, ça
n’était pas tant ce qu’on écrivait que la pureté, la spontanéité, la
violence qui s’incarnait dans un instant d’écriture, aussi bref et vif que la
durée d’un 45 tours. “Yeah, the only way is to do alternate takes”, lui répe
́tais-je, on fait juste des prises: si c’est bon on garde, si c’est mauvais on
jette. » Extrait #2 : l’anglais « L’usage de l’anglais créait entre nous une
relation tout à fait spéciale, cette langue nous inventait en même temps
qu’elle inventait notre relation – rien de ce qui a suivi ne serait arrivé,
peut-être, si tout cela n’avait passé d’abord par la langue anglaise, pleine
de nos hésitations, trébuchements, maladresses, pleine aussi de l’humour qui
lui est inhérent, de ce goût du nonsense et de toutes ces choses que nous a
léguées le roman anglais – au point que je songe parfois que c’est vraiment
cette langue qui m’a mis au monde une deuxième fois, et pour de bon. » Né en
1947 à Genève, Jean-François Duval a eu la chance de suivre pendant ses études
de lettres à l’université de Genève les cours de Jean Starobinski, de Roger
Dragonetti, de Jean Rousset ou de Roland Barthes. Il en garde un souvenir
lumineux et inspirant. Voyageur, il s’est particulièrement passionné pour les
États-Unis et est un fin connaisseur de la Beat Generation et de ses figures
marquantes. Son métier de journaliste, son amour du voyage, ses professeurs
hors du commun ont fait de cet auteur un écrivain qui brouille subtilement les
genres. Fiction romanesque, reportage, récit intimiste, parfois même critique
littéraire, se mêlent adroitement dans ses livres. Jean-François Duval a
notamment publié Boston Blues (Phébus, 2000, prix Schiller), Kerouac et la
Beat Generation (PUF, 2012), Bref aperçu des âges de la vie (Michalon, 2017)
et LuAnne sur la route avec Neal Cassady et Jack Kerouac (Gallimard, 2022).
Initialement paru en 2006 chez Ramsay sous le titre L’Année où j’ai appris
l’anglais, Un amour anglais a remporté le Prix Pittard de l’Andelyn.
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