- EAN13
- 9782757426043
- Éditeur
- Presses Universitaires du Septentrion
- Date de publication
- 17/12/2020
- Collection
- Objet
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Autre version disponible
Une bonne part de l’activité propre au critique littéraire consiste à "lire
entre les lignes" : éclairer des allusions et des sous-entendus que le temps a
effacés, reconstituer des projets précis, resituer un art d’écrire. L’objet du
travail auquel s’adonne le psychanalyste est d’"écouter entre les phrases" du
patient, pour repérer les points d’ancrage inconscients où s’amarre son désir.
Dans les deux cas, le discours qu’on élucide s’offre comme un guide. Quelque
chose est à trouver, même si rien n’a été caché intentionnellement dans les
mots. L’entreprise textanalytique rencontre d’autres conditions d’exercice. Il
n’y a rien à rechercher dont l’histoire ni l’écrivain aient jamais pu être
conscients. Une sorte de fermentation, le fantasmatique en liberté, du désir
sans sujet, voilà ce qui peut être visé, du moins recueilli grâce à une
"écoute entre les lignes". Qui donc occupe cet intervalle ? Le lecteur.
Comment ? Il doit, plutôt que suivre l’axe d’un chemin, combler
inépuisablement un fossé, écarter, aux deux sens du mot, la béance d’un sens
en surrection indéfinie... Mais le critique n’est pas simplement un lecteur:
il rend publique sa lecture. En outre, rien ne se perçoit d’inconscient sans
la connivence d’un autre sujet. Ecrire ce que j’entends devient alors
obligation de théorie: afin d’assurer la relance ailleurs des effets de
vérité, faire des interlignes un espace où se multiplient les (ré)écritures.
Les textes mis à l’épreuve de cette lecture écrivante ("écrivaine", pour jouer
?) vont de Peau d’âne à une nouvelle de Sartre, en passant par un sonnet
baroque, des poèmes de Beaudelaire, un conte de Maupassant et Le Rêve de Zola.
entre les lignes" : éclairer des allusions et des sous-entendus que le temps a
effacés, reconstituer des projets précis, resituer un art d’écrire. L’objet du
travail auquel s’adonne le psychanalyste est d’"écouter entre les phrases" du
patient, pour repérer les points d’ancrage inconscients où s’amarre son désir.
Dans les deux cas, le discours qu’on élucide s’offre comme un guide. Quelque
chose est à trouver, même si rien n’a été caché intentionnellement dans les
mots. L’entreprise textanalytique rencontre d’autres conditions d’exercice. Il
n’y a rien à rechercher dont l’histoire ni l’écrivain aient jamais pu être
conscients. Une sorte de fermentation, le fantasmatique en liberté, du désir
sans sujet, voilà ce qui peut être visé, du moins recueilli grâce à une
"écoute entre les lignes". Qui donc occupe cet intervalle ? Le lecteur.
Comment ? Il doit, plutôt que suivre l’axe d’un chemin, combler
inépuisablement un fossé, écarter, aux deux sens du mot, la béance d’un sens
en surrection indéfinie... Mais le critique n’est pas simplement un lecteur:
il rend publique sa lecture. En outre, rien ne se perçoit d’inconscient sans
la connivence d’un autre sujet. Ecrire ce que j’entends devient alors
obligation de théorie: afin d’assurer la relance ailleurs des effets de
vérité, faire des interlignes un espace où se multiplient les (ré)écritures.
Les textes mis à l’épreuve de cette lecture écrivante ("écrivaine", pour jouer
?) vont de Peau d’âne à une nouvelle de Sartre, en passant par un sonnet
baroque, des poèmes de Beaudelaire, un conte de Maupassant et Le Rêve de Zola.
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