Sandman Slim, roman

Richard Kadrey

Denoël

  • Conseillé par
    25 mai 2013

    De la fantasy urbaine jubilatoire !

    Dans le créneau de la Fantasy Urbaine, on retrouve parfois des titres "bad ass", avec des personnages cash, qu'il ne fait pas bon emmerder et qui vous dégomme à la première incartade. "Sandman Slim" est de ceux-là. Un roman d'urban fantasy sans concessions, punchy et jouissif, qui donne un bon coup de pied dans la fourmilière. Avis aux fans de Tarantino et du Bourbon Kid, ce bouquin est fait pour vous !

    L'histoire nous projette dans le Los Angeles de nos jours, avec ces excès, son melting-pot de nationalités et… sa magie ! Une ville qui ne dort jamais, à plus forte raison parce que des créatures de l'underground peu recommandables y ont élu domicile. Stark fait partie de ceux-là, il revient d'un séjour en enfer et il a la haine. Il est prêt à tout pour se venger de ceux qui l'ont envoyé là-bas, des membres de son groupe de Sub-Rosa (des sorciers). Après onze années passées aux enfers, l’acclimatement à la vie sur Terre ne se fait cependant pas sans heurts et voilà notre anti-héros propulsé au milieu d’un monde qu’il ne reconnait plus. Stark n’est d’ailleurs plus un humain « lambda », ni même un sorcier lambda, son corps exposé à onze années de tourments infernaux ayant quelque peu évolué…

    Vous l’aurez deviné, j’ai adoré le personnage de Stark ! De son physique (le corps couturé de cicatrices, le long manteau en cuir), à son humour pince-sans-rire et à sa propension à se jeter tête la première dans les guets-apens (et advienne que pourra !). Un anti-héros qui dépote vraiment, par son caractère entier. Les personnages secondaires sont tout aussi truculents. Entre le vieil alchimiste Vidocq (petit clin d’œil au personnage français), la « Jade » Candy, sorte de vampire à la Kadrey et le mystérieux docteur Kinski, tous ont du charisme à revendre. Et les influences et autres références, qui sont légion, nous font parfois franchement sourire, voire rire ( Cherry Moon, la gothic lolita sailor moonesque vaut son pesant de cacahuètes !) Même les loosers possèdent du charisme à revendre et tout ce petit monde ajoute du piquant à un roman qui n'en manque déjà pas.

    Entre deux jurons et autres répliques croustillantes, Richard Kadrey fait progresser son histoire de vengeance avec superbe. On pourra reprocher le manque de profondeur de l'intrigue (l'histoire d'une vengeance, rien de bien nouveau sous le soleil), mais le tout ne manque ni de péripéties, ni de révélations et la narration progresse crescendo jusqu'au final en apothéose avec l'apparition de Satan lui-même (qui fait une arrivée et une sortie de grande classe !). Anges, démons, sorciers et j'en passe, chacun œuvre pour son propre intérêt et Stark se fait entrainer dans un complot qui le dépasse. Même s'il voudrait ne se préoccuper que de sa pomme, on sent qu'il possède des valeurs qui le font plonger tête la première dans les emmerdes.

    Le scénario est très cinématographique (ça ferait d'ailleurs un superbe blockbuster) et en met plein la vue. Entre scènes sanglantes, tête coupée qui parle et autres joyeusetés, je vous mets au défi de vous ennuyer une seconde en compagnie de Sandman Slim. L'auteur reprend les grandes fondations de la religion catholique, y rajoute une pincée de délires personnels (les Kissis) et sauce le tout avec les mythes fantastiques, ce qui donne une atmosphère unique qui emprunte beaucoup au rythme des western spaghetti où les héros placent des bons mots tout en enchainant les scènes de carnage. En gros, ça en jette et son héros se paye le luxe d'avoir la classe tout en zigouillant à tour de bras. Sans compter les petites touches d’humour, çà et là, qui ont fini de m’achever (Ah ! la scène de fin !). Je me jetterai sur le tome 2 sans hésiter. Long live Sandman Slim !