Féroces

Robert Goolrick

Anne Carrière

  • 20 décembre 2010

    Les secrets de famille sont souvent les secrets les mieux gardés au monde. C’est ce que souligne l’écrivain américain Robert Goolrick dans son roman « Féroces », un ouvrage intense et impitoyable.

    Le livre est envoûtant. Le récit est poignant ; l'écriture, crue ; le langage, violent. Des passages sont certes drôles mais d'autres sont terriblement tragiques. On rit, on s'émeut, on pleurerait presque... Le jeune Robert Goolrick se met à nu en prenant le risque de tout perdre... Ce qui est terrible, ce sont ces apparences à conserver, toujours, pour préserver l’image si belle et si élégante de cette famille modeste mais "modèle", malgré le prix à en payer.

    A lire absolument, tant ce récit ne peut laisser indifférent.


  • 24 novembre 2010

    Un très grand roman.

    La puissance de l’écriture nous emmène allègrement sur les traces de cette famille si tourbillonnante. Le récit est passionnant, envoûtant, drôle quelquefois, tragique souvent, décalé tout le temps.

    - Le narrateur entre dans le vif du sujet de façon subtile et délicate : il plante le décor, parle de lui avec sincérité, peint quelques scènes familiales pour permettre au lecteur de cerner sa famille avant de véritablement ouvrir la porte qui mène aux vérités effrayantes… Ces vérités sont alors d’autant plus puissantes qu’il ne se perd pas dans le pathos et nous livre un récit très pur de ce qu’il a vécu.


    - C’est un homme qui souffre profondément et souhaite si ce n’est panser, du moins penser ses blessures pour que d’autres souffrent moins. Un grand homme…

    « Ce que j’achetais ce jour-là ne changea strictement rien, et j’ai passé ma vie entière à en parcourir, des kilomètres à pied, à chercher une chose ou une autre, la chose qui ferait la différence entre ce que j’étais et ce que je voulais être. […] Quelque chose qui me dirait qu’enfin je n’étais plus sans espoir, que je n’étais ni petit, ni faible, ni laid, ni pauvre […].

    Quelque chose qui viendrait apaiser la terrible beauté et l’inconsolable tristesse de la vie.

    Je ne l’ai jamais trouvé. Je ne cesserai jamais de la chercher. » (p. 169)

    « Je la raconte [cette histoire] parce que j’ai dans le coeur une douleur poignante en imaginant la beauté d’une vie que je n’ai pas eue, de laquelle j’ai été exclu, et cette douleur ne s’estompe pas une seconde.

    […]

    Je la raconte pour tous les garçons, pour la vie qu’ils n’ont jamais eue.

    Je la raconte car je tente de croire, car je crois de tout mon cœur, que toujours demeure l’écho obstiné d’une chanson. » (p. 249)


    - Je dois avouer avoir quand même reçu un coup au cœur quand la « férocité » fut dévoilée. Mais une fois le temps du choc passé, je ne peux que m’incliner devant la puissance de ce texte essentiel.

    - Le titre français est mal choisi. Robert Goolrick avait intitulé ce roman : La fin du monde telle que je l’ai connue : scènes d’une vie, bien loin de ce « Féroces »…