Déconfits et responsables.

Jour 47 - Lundi 04 mai 2020 - 21h15

Déconfits et responsables.

 

Voilà dans une semaine, on déconfine. A ne pas confondre avec on déconne. Je déconfine, tu déconfines, il ou elle déconfine et nous déconfinons. De pleines pages de mesures circulent actuellement que nous devrons faire respecter au quotidien. Se dire que les collégiens porteront le masque, c'est bien pour les timides...Que dans nos boutiques il faudra rentrer à 4,5 (et 3 si il y a une personne de plus de 70 ans, 2 si elle tousse et une si elle est chauve.) au maxi pour 6.30 minutes avec un circuit dans le sens des aiguilles d'une montre. Quoi vous avez loupé le rayon poésie et bien comme chez Disney un tour gratuit. Reprendre un peu vie sociale. Circuler quasi librement sans cette attestation, bracelet du confiné. C'est marrant mais ces mesures sanitaires semblent fortement délicates à mettre en place. Je me demande vraiment comment font les grandes surfaces en ce moment. Je me demande...

Comme me le faisait remarquer un ami aujourd'hui il faudra donner comme consigne de ne pas lécher le sol, cela peut être dangereux. Consignes, consignes... Évitons de nous moucher dans nos doigts. Consignes, consignes. Ne pas laisser traîner son mouchoir. Consignes, consignes. Et sourire on peut, rire on peut ou doit-on attendre des nouvelles consignes, 2 minutes par jour et pas plus de 3 personnes à la fois.

Franchement après ces 47 jours de confinement personne n'a envie de prendre des risques, personne ne souhaite se remettre une couche de "restez chez vous" à l'été. Je rêve d'entendre que l'homme est responsable, qu'il fera attention, de ne plus entendre ce décompte morbide, ces culpabilisations sociétales. Bien sûr qu'il est bon de rappeler régulièrement certaines règles. Mais il serait bon aussi de rappeler que vivre est agréable, vivre est énergisant, vivre est vital et mortel à la fois. Si on pouvait écouter un vrai discours optimiste sur la capacité de l'homme à faire attention, si on pouvait le croiser au marché, sa botte de carottes dans son panier, si on pouvait voir nos enfants raconter leur journée d'école, si on pouvait un peu avoir confiance... Si on pouvait dans les hautes sphères écouter un peu les citoyens, ne pas seulement parler de démocratie participative et dézinguer le premier qui pense différemment et bien déjà on aura avancé un peu. Responsabiliser au lieu de culpabiliser. Avoir confiance au lieu d'infantiliser. C'est compliqué ? Cela paraît être dans le "domaine du possible".

47 jours sont-ils suffisants. Bien sûr que ceux qui ne souhaitent pas évoluer, se transformer, s'améliorer, s'ouvrir, qui ne le souhaitent pas ou qui ne le peuvent pas d'ailleurs, resteront comme ils sont, et il faut de tout pour faire un monde. Mais après ils seront peut-être dans l'obligation de suivre ceux qui bougent, évoluent, enchantent le quotidien. Alors en attendant de se rendre au cinéma, au concert, au musée, au déjeuner dominical chez belle-maman, en attendant de revivre ces instants si importants mais souvent oubliés dans le luxe de nos vies libres, je fais le pari, naïf que je suis, ou optimiste, que nombreux sont ceux qui feront évoluer leurs priorités, reverront leurs exigences, porteront un regard neuf sur le Vivant. Oui parlons de Vivant plutôt que de Nature, car parler nature c'est déjà se couper d'elle. Un Tout Vivant.
Une idée de saine lecture

Nous avions reçu Cyril Dion au Carnet à spirales en 2017 pour son premier roman "Imago" mais aujourd'hui je souhaite mettre en avant :
"Petit manuel de résistance contemporaine" Cyril Dion
- collection "domaine du possible" Actes Sud

A lire et à offrir