Des gosses

Jour 28 - mardi 14 avril - 20h20
Des gosses.

Il y a quelques jours, Christèle en avait après Simone. Mais il est vrai que c’est à beau à voir (facile…) les relations entre mère et enfants, grands dadais ou petites princesses. Et le père là-dedans. Second rôle, relayé au simple usage du bricoleur de service, préposé à la partie de « balle aux prisonniers » quoique j’ai bien peur que ma fin de saison soit foutue dans le championnat « élite » en raison d’une contracture contractée (quelle moche tournure…) ce samedi en essayant dans un mouvement superbe d’extension de mes muscles endormis par 19 ans d’inactivité afin de récupérer la balle en plein vol propulsée à une centaine de kilomètres par heure par une petite fille de six ans avec une force incroyable. Purée ma saison est foutue… Que c’est dur à admettre.

Bon revenons aux enfants. Bien sûr la maman ceci et la maman cela. Quel bonheur aussi pour le père de se retrouver ainsi en immersion avec ses rejetons. Quel bonheur avec un peu de lassitude ou d’énervement parfois, faut bien se l’avouer. Ils sont beaux, ils sont magnifiques et sûrement bien plus que les vôtres car c’est les miens… voui voui.
C’est fou d’avoir autant de temps actuellement pour les voir évoluer, les voir réagir, les voir appréhender cette période étonnante et en reprendre une couche jusqu’à la mi-mai. Je ne sais pas ce qu’il restera de cette période. Peut-être et probablement elle n’est que la première tant l’impact de l’activité humaine sur la planète nous jouera de mauvais tours. Mais il restera cela, j’en suis sûr, ces moments partagés avec nos enfants et c’est déjà beaucoup.

Nous ne sommes pas des parents parfaits et heureusement, on s’ennuierait. Nos enfants n’ont pas choisi de naître ici, ne nous ont pas choisis, nous subissent parfois. C’est certain. Quand je pense aux miens, je pense à ceux qui vivent dans la violence du quotidien, violence exacerbée par la promiscuité perpétuelle de ce confinement. Ces gamins qui vivaient déjà des quotidiens difficiles voire sordides et qui aujourd’hui n’ont plus la possibilité de s’échapper à l’école, au sport, ou sur le terrain de foot pour taper la balle avec les copains. Et puis quand je pense à eux, ces gosses, je pense à ceux qui les accompagnent, ces femmes et hommes, qu’on oublie allègrement car c’est plus simple de détourner le regard ou de fermer les yeux, ces travailleurs de l’ombre, ces travailleurs sociaux. Alors ce soir, une petite sélection de livres sur ces parcours d’enfants, sur ces femmes et hommes, deux fictions et deux récits auto-fictionnels. C’est bien sur très émouvant, à certains moments très drôles mais une chose est assurée c’est que les personnages de ces œuvres sont dotées d’une sensibilité et d’une intelligence qui disparaissent trop souvent à l’âge adulte, et c’est bien dommage.

Comme chaque soir les livres présentés ont été lus, il y a longtemps pour certains, plus récemment pour d’autres. Ils nous ont marqué, sont encore dans les rayons de la librairie, en forment le squelette, l’ossature et nous sommes heureux de les partager avec vous. C’est un exercice de mémoire jubilatoire et en plus il nous reste 27 chroniques au minimum à vous concocter.
Bonnes lectures.

Andrea Molesini – « Le printemps du loup » - Editions Calmann-Lévy – 2014 – Le Livre de Poche - 2016

1945, Pietro, dix ans, orphelin, fuit le couvent où il était caché pour échapper aux allemands. Il part en compagnie de Dario, son meilleur ami, taiseux à l’extrême dans un groupe hétéroclite. Les trouvailles poétiques de Molesini, sa capacité à faire s’exprimer ainsi Pietro qui comprend le monde du haut de ses dix ans d’altitude*, qui s’emmêle dans les expressions et les interprète de travers et Pietro qui finalement donne à voir une vision si juste du monde. Une beauté ce texte…

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Philippe Krhajac – « Une vie minuscule » - Editions Flammarion – 2018 – devenu « Un dieu dans la poitrine » - Editions Folio – 2019

Premier roman semi-autobiographique cette « vie minuscule » prend aux tripes. Phérial a quatre ans quand il est placé pour la première fois dans un orphelinat afin d’échapper à une famille d’accueil. Il reprend auprès des copains goût à la vie mais devra les quitter et sera trimbalé dans trois familles différentes avec comme seule obsession de retrouver sa mère. Trois familles et trois destinées pour se construire. Un hymne à la vie…

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Jesmyn Ward – « Le chant des revenants » - Editions Belfond - 2019 – Editions 10-18 – 2020

Jojo a treize ans d’altitude* mais une expérience de la vie… Il veille, dans une famille bancale mais aimante, sur sa petite sœur Kayla. Son père est en prison et sa mère absente même présente. Il est déjà l’homme de cette maison du Mississipi. C’est un roman à trois voix, onirique et équilibré, c’est un roman sur la pauvreté, sur le racisme ordinaire mais aussi et surtout c’est un roman d’une incroyable douceur entre Jojo et ses grands-parents maternels, en plus encore son grand-père et avec Kayla. Une œuvre remarquable.

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Mathieu Palain – « Sale gosse » - Éditions de L'Iconoclaste – 2019

Wilfried est un jeune garçon de 13 ans d’altitude*, féru de football, vivant son rêve de devenir professionnel au centre de formation d’Auxerre. Pourtant, Wilfried, d’un accès de fureur incontrôlable, va envoyer vaciller cette possibilité et se retrouve à la case départ dans sa famille d’accueil, parents aimants et volontiers adoptifs. En galère, sa rencontre avec ce tellement beau personnage de Nina, éducatrice à la PJJ, va pouvoir changer la donne et lui offrir de l’espoir. Un très bel hommage sans artifice à cette PJJ remarquable.

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*merci Jacques Brel pour cette expression : « Moi de mes onze d’altitude – je découvrais éberlué… » « Mai40 » sur l’album Les Marquises