Jours à Leontica

Fabio Andina

Zoé

  • Conseillé par (Libraire)
    30 avril 2021

    Ralentir...

    Il est des endroits que la fureur du monde n’atteint pas. Situé dans les Alpes Tessinoises, sauvage massif enchâssé entre la Suisse et l’Italie, Léontica fait partie de ces lieux où le temps arrête sa course. C’est dans ce village, émergé de la roche et des forêts que Le Felice, nonagénaire taiseux, mène une vie d’ascète. Chaque matin, par tous les temps, bien avant l’aube, il quitte le village, s’engage dans la pinède et grimpe vers les sommets. D’aucuns disent qu’il va s’immerger dans la Gouille, piscine naturelle à flanc de roche. Piqué par la curiosité, son voisin plus jeune et narrateur de ce récit, décide d’accompagner le vieil homme taciturne pour vérifier ces dires. Il découvre alors une vie simple débarrassée du superflu, où le silence a plus de valeur que la parole, où le respect de la nature s’impose comme une évidence et non comme une posture, où les gestes immémoriaux sont répétés à l’envi. Cette existence minimaliste, spirituelle, s’inscrit au cœur même du village. Vieux et jeunes s’entraident au quotidien, vouant un respect empreint d’affection au vieux patriarche. Dans un style aussi dépouillé que la vie du Félice, Fabio Andina ralentit le rythme et livre le récit sublime et sensible d’existences aux antipodes du consumérisme au sein d’une nature souveraine.
    In "Rando Passion" N°60 Juillet 2021

    Autre chronique sur ce roman :
    Il est des endroits que la fureur du monde n’atteint pas. Situé dans les Alpes Tessinoises, sauvage massif enchâssé entre la Suisse et l’Italie, Léontica fait partie de ces lieux où le temps arrête sa course. C’est dans ce village, émergé de la roche et des forêts que Le Felice, nonagénaire taiseux, mène une vie d’ascète. Chaque matin, par tous les temps, bien avant l’aube, il quitte le village, savonnette à la main, s’engage dans la pinède et grimpe vers les sommets. D’aucuns disent qu’il va s’immerger dans la Gouille, piscine naturelle à flanc de roche. Piqué par la curiosité, son voisin plus jeune et narrateur de ce récit, décide d’accompagner le vieil homme taciturne pour vérifier ces dires. Il découvre alors une vie simple débarrassée du superflu, où le silence a plus de valeur que la parole, où le respect de la nature s’impose comme une évidence et non comme une posture, où les gestes immémoriaux sont répétés à l’envi au cours de journées paisibles et pourtant bien remplies, loin du monde, ce monde « toujours aux mains des mêmes deux ou trois margoulins ». Couper du bois, infuser les feuilles d’orties ramassées plus tôt, allumer la Sarina, ce poêle antique qui cuit et chauffe à la fois, aider quelques voisins, passer voir le Sosso à la première traite, contempler les nuages, saluer l’âne de la Vittorina…. Cette existence minimaliste, spirituelle, s’inscrit au cœur même du village. Vieux et jeunes s’entraident au quotidien, vouant un respect empreint d’affection au vieux patriarche. Des vies qui s’entrecroisent au bistrot local ou à la Trattoria, autour d’un jeu de cartes, d’une conversation de comptoir ou d’un verre pris sans bavardages inutiles, un hochement de tête suffisant parfois à remplacer les mots. Dans un style aussi dépouillé que la vie du Félice, Fabio Andina livre le récit sublime et sensible d’existences aux antipodes du consumérisme au sein d’une nature souveraine. Un texte admirable pour ralentir la cadence, apprécier le cliquetis de la pluie, s’écarter de la rumeur du monde, écouter le bruit du silence.